Piéride du chou, ce nom n’est étranger à personne , particulièrement à tous les jardiniers amateurs dont je fais partie . Mais je ne m’attendais pas, après quelques jours d’absence au mois d’octobre, à retrouver à l’état de dentelle les 2 choux à pomme de mes carrés potagers. Je vous livre donc un petit guide de la piéride du chou et surtout de sa chenille afin qu’une telle mésaventure ne vous arrive pas à votre tour.

 Du joli papillon à la chenille vorace

La piéride du chou ou Pieris brassicae est un joli papillon de couleur blanche et de grande taille puisqu’il peut atteindre 70 mm. Ses ailes tachetées de noir sont très caractéristiques de ce lépidoptère. Inoffensif par lui-même, ses chenilles voraces se nourrissent de différentes variétés de crucifères et peuvent provoquer de gros dégâts dans les cultures.

La piéride du chou que l’on nomme aussi « papillon blanc du chou » est un papillon diurne (qui vit le jour) très commun dans nos régions ainsi qu’en Afrique du nord. Il se rencontre aussi bien à la campagne qu’en milieu urbain et une altitude de 1500 à 2000 m ne lui fait pas peur.

Il existe en principe 2 générations successives au cours de l ‘année ( la première dite vernale en avril-mai et la seconde dite estivale en juillet-août). Cependant dans le midi de la France une troisième génération peut se développer en automne ce qui explique l’état de mes 2 choux à pomme en cette fin de mois d’octobre, d’autant que l’arrière saison avait été relativement chaude.

Les œufs de la piéride du chou sont pondus en général au revers des feuilles par groupes de 20 à 50 et sont de couleur jaune à orangé. Le développement embryonnaire est assez rapide (environ 10 jours) et les premières chenilles, inoffensives, restent groupées sous les feuilles. Les stades larvaires de 2 à 5 voient les chenilles gagner la face visible des feuilles et commencer à les dévorer tout en grossissant et en développant leur pilosité. Les choux deviennent alors de la dentelle tant la voracité des chenilles de piéride du chou est grande à telle point qu’il ne reste parfois que les nervures principales des feuilles.

piéride du chou joli papillon dont la chenille dévore les feuilles de tous les choux du potager en carrés

La piéride du chou recherchait à l’origine pour la ponte des crucifères sauvages telles que la moutarde des champs (Sinapis arvensis) mais le chou est aujourd’hui devenu le principal lieu de reproduction, en particulier le chou à pomme, le chou frisé, le chou rave et le chou-fleur.

Les différentes générations peuvent se chevaucher et ainsi il est fréquent de trouver à la fois des piérides du chou sous forme papillon et sous forme chenille durant l’été.

Il faut enfin noter que la piéride du chou et sa chenille affectionnent aussi les capucines qu’il faudra donc éviter de cultiver à proximité de choux.

Comment prévenir les dégâts de la chenille de la piéride du chou ?

La prévention est ici encore le meilleur traitement et lutter contre la piéride du chou n’est pas si compliqué avec un minimum d’attention. Les principales mesures de prévention des infestations sont les suivantes :

  • placer des filets de protection au dessus des carrés potagers qui abritent des choux : ainsi les papillons ne parviendront pas à venir pondre
  • inspecter régulièrement les faces inférieures des feuilles à la recherche des petits amas d’oeufs jaunes orangés et les retirer immédiatement (ou plus simplement les écraser) si l’on en détecte
  • si l’on a raté cette étape il reste possible de retirer manuellement les premières chenilles de piéride du chou avant qu’elles ne soient trop nombreuses et que leurs déjections laissées à la base des feuilles ne rendent les choux impropres à la consommation. En effet, le premier stade larvaire ne détruit pas les feuilles et n’a donc pas trop de conséquences.
  • utiliser le pouvoir répulsif de plantes compagnes que l’on placera à proximité des choux : ce sont de nombreuses plantes aromatiques (thym, menthe, romarin, verveine) ainsi que le céleri ou la tomate
  • éviter la présence de capucines à proximité des choux
chenille de piéride du chou qui dévore les feuilles de chou dans les carrés potagers

Traitements insecticides :

Les insecticides sont efficaces sur la chenille de piéride du chou mais l’usage de perméthrines est pour moi impossible dans un potager en carrés qui se veut naturellement dédié à la production de légumes bio.

Il existe fort heureusement un insecticide biologique efficace reposant sur l’utilisation en pulvérisation de Bacillus thuringiensis. Cette bactérie très fréquente dans le sol ainsi que dans l’eau et l’air et sur les feuillages a été isolée à partir de vers à soie. Parasitant les insectes et leurs larves, donc également la chenille de piéride du chou, ce bacille produit et excrète des cristaux protéiques toxiques qui entraînent rapidement la mort de leur hôte en détruisant les cellules de l’intestin moyen des larves d’insectes. Il en existe de nombreuses présentations commerciales. Il faut simplement avoir à l’esprit que certains produits associent à la fois Bacillus thringiensis et des perméthrines et seront donc à proscrire dans nos carrés potagers.

La pulvérisation d’infusions de tanaisie, d’absinthe, de pyrèthre ou de verveine permet également de venir à bout des chenilles et possède à la fois un effet préventif et un effet curatif vis à vis de la piéride du chou. Il faut par contre veiller à renouveler systématiquement cette pulvérisation après chaque épisode de pluie.

Les autres traitements contre la chenille de piéride du chou :

La lutte biologique contre la piéride du chou est encore rarement utilisée alors que pourtant l’emploi de certaines espèces d’insectes permet d’obtenir des résultats intéressants. C’est le cas notamment des Apanteles, minuscules insectes coléoptères, qui sont en quelque sorte programmés pour parasiter et tuer les chenilles de piéride du chou en les rendant peu à peu exsangues. Très efficace, ce petit insecte peut anéantir les plus fortes proliférations n’est sera plus adapté aux cultures maraîchères traditionnelles qu’aux choux épars des potagers en carrés.

En cas d’urgence, si vous ne disposez d’aucun des traitement envisagés précédemment, l’usage de savon noir dilué à raison de 25 grammes par litre d’eau peut être d’un précieux secours en asphyxiant les chenilles sur lesquelles on le pulvérise.

Plus insolite est l’usage de demi coquilles d’oeuf suspendues une cinquantaine de centimètres au dessus des choux. Pour une raison inconnue, il semblerait que ces coquilles n’empêchent pas la piéride du choux de se poser sur les plants mais dissuaderait les femelles d’y effectuer leur ponte. Ainsi aucune chenille ne viendra donc dévorer les feuilles par la suite.

Si, comme ce fut le cas pour moi cet automne, vos choux ne sont déjà plus que dentelle souillée et grouillante de chenilles de piéride du chou, il ne vous reste plus qu’à vous résigner à les arracher et à vous promettre de rester davantage vigilant lors de vos prochaines plantations de choux.

jean-pascal